Sur proposition de la Ministre de la Santé Alda Greoli, le Gouvernement wallon a donné son accord ce jeudi pour lancer un appel à projet visant à mettre en place un programme favorisant la prévention du cancer du col de l’utérus. Il poursuit un double objectif : favoriser un dépistage systématique du virus HPV qui en est la cause, et mettre sur pied un suivi efficace des résultats.
Le nombre de femmes belges participant à un dépistage du virus HPV - responsable du cancer du col de l’utérus - est en constante baisse, ces dernières années. De 2009 à 2013 on est passé de 62% à 51% de femmes âgées entre 25 et 64 ans qui ont participé à un tel dépistage, dans notre pays. Une diminution qui s’est poursuivie depuis lors. Selon une analyse de l’Agence intermutualiste (AIM), 48% de ces mêmes femmes âgées entre 25 et 64 ans ont ainsi bénéficié d’un remboursement pour un test cytologique du col, en 2016.
Or, amplifier le dépistage permettrait de limiter le nombre de cancers qui se développent. Qui plus est, on constate que les femmes bénéficiant du statut social BIM (Bénéficiaires de l’Intervention Majorée) sont moins nombreuses à se faire dépister.
En Wallonie, 200 cas de cancer du col de l’utérus sont diagnostiqués chaque année. L’âge moyen du diagnostic est de 54 ans, et le taux de survie à 5 ans est ensuite d’environ 60%. Si un programme d’invitation au dépistage puis de suivi des résultats existe depuis 2013 en Flandre, rien de tel n’avait encore été développé au sud du pays.
C’est pour combler cette importante lacune et aider à réduire le nombre de ces cancers que la ministre Alda Greoli a décidé de lancer un appel à projet. Il vise à favoriser systématiquement le dépistage et à en assurer un suivi efficace.
En pratique, l’appel à projet que la Wallonie lance s’adresse aux professionnels de la santé. Il vise la mise sur pied d’un programme ciblant les femmes résidant sur l’ensemble du territoire wallon de langue française, dans le but final de réduire le nombre de décès liés au cancer du col de l’utérus d’ici 2025.
Les objectifs poursuivis sont notamment les suivants :
- augmenter la participation au dépistage précoce du cancer lié au HPV, via notamment des programmes d’incitation à se faire dépister tous les trois ans et des rappels en cas de non dépistage, adaptés à un groupe cible qui est à définir. Par exemple : toutes les femmes âgées entre 25 et 64 ans, excepté celles ayant des antécédents de cancer de col de l’utérus et qui sont déjà suivies, celles faisant l’objet d’un suivi actif en raison d’un résultat de dépistage antérieur anormal ou après le traitement de lésions précancéreuses, etc. ;
- assurer une communication précise et rapide des résultats avec les participants et les médecins ; assurer une prise en charge rapide des patientes ayant un résultat positif dans le système de soins ;
- assurer également un suivi adapté notamment par un système de « fail safe » (identification dans les meilleurs délais de toutes les personnes n’ayant pas bénéficié d’un suivi approprié après un résultat de dépistage anormal, et avertissement de leur médecin traitant) ;
- mettre en place un système de surveillance statistique et d’évaluation du dépistage du cancer du col de l’utérus ;
- développer de l’information, de la sensibilisation et de la conscientisation sur l’importance du dépistage et sur les facteurs de risque de ce type de cancer.
Cet appel à projet sera ouvert dès sa publication prochaine au Moniteur. Il sera clôturé 120 jours calendriers plus tard.
Le bénéficiaire du projet sera un consortium qui devra regrouper au minimum deux institutions qui seront liées par une convention. Il est également prévu que ce consortium collabore avec les réseaux du système de soins, de surveillance épidémiologique et de promotion de la santé.
Doté d’un budget annuel de 500.000 euros dès cette année 2019, le projet connaîtra une première phase pilote de trois ans, renouvelable en fonction des résultats de l’évaluation qui en sera faite.
Pour Alda Greoli « Le dépistage du cancer du col de l’utérus est essentiel pour l’amélioration de la santé des femmes. Il permet de détecter des lésions précancéreuses et, lorsqu’elles sont traitées suffisamment tôt, d’éviter une évolution vers un cancer plus invasif. Il était dès lors de ma responsabilité politique, en tant que Ministre de la Santé, de tout mettre en œuvre pour améliorer la situation actuelle, dans laquelle trop peu de femmes wallonnes se font dépister. Par le projet qui sera mis en place, la proportion de cas dépistés à temps et les chances de vaincre la maladie seront augmentées. »