Cette semaine, de nombreuses voix se sont exprimées par rapport à l’arrêté pris par la ministre De Block sur le dépistage du cancer du sein. Les gynécologues n’avaient pas encore réagi jusqu’ici. Aujourd’hui, le Dr Frédéric Buxant, président sortant du GGOLFB (Groupement des gynécologues obstétriciens de langue française de Belgique), affiche une position ferme qui va clairement dans le sens de celle de l’Association belge de Sénologie.
«Actuellement, que ce soit le dépistage organisé ou le dépistage individuel, aucun des deux n’est optimal puisque la couverture de dépistage n’atteint pas les 60-70%, même quand on les cumule. Il faut donc absolument trouver une alternative et ce que propose la ministre n’est pas une alternative qui nous paraît intéressante», déclare le Dr Buxant.
«Par ailleurs, un élément qui n’est pas apparu dans les débats est l’avenir du dépistage pour les 45-49 ans puisque les dispositions de l’arrêté ne valent que pour deux ans, soit jusqu’avril 2020, moment auquel est prévue une évaluation, dont les modalités ne sont pas encore clairement définies. Cela dit, il sera impossible d’évaluer un dépistage sur deux ans, cela ne servira à rien», poursuit Frédéric Buxant.
Pour un dépistage individuel organisé
Un terme que le Dr Buxant aime utiliser est le «dépistage individuel organisé». «Cela veut donc dire qu’en fonction du risque individuel, on propose un dépistage à chacune. C’est précisément ce que vise l’étude MyPebs. Et hélas, avec la disparition des codes d’échographie, l’étude MyPebs ne sera pas faisable en Belgique car les patientes devront payer l’échographie de leur poche», déplore le Dr Buxant.
«Il me semble essentiel de définir le profil de risque de la patiente et son état général. Certaines patientes de 75-80 ans auraient encore un avantage à bénéficier du dépistage», ajoute le gynécologue.
«Non, ce n’est pas pour protéger la patiente»
Le Dr Buxant marque également son désaccord avec la Fondation contre le Cancer quand celle-ci affirme que la nouvelle nomenclature vise à protéger la patiente. «Avant 40 ans, effectivement, on n’en fait plus en règle générale. Mais après 40 ans, ne nous réfugions pas derrière de faux prétextes pour défendre les changements voulus par la ministre. Les études ont montré qu’en termes de survie, le dépistage n’est pas rentable. Mais donc, que l’on reconnaisse que ce n’est pas rentable au niveau financier et qu’on l’explique aux dames. Bien sûr, il y a beaucoup de faux-positifs chez les jeunes, mais le tout est de leur expliquer! Cela ne peut pas être une raison de priver les patientes de leur dépistage!».
Le GGOLFB aussi en route vers Conseil d’Etat
Enfin, le Dr Frédéric Buxant et son successeur à la présidence du GGOLFB dès demain, le Pr Patrick Emonts, assurent qu’ils se rallieront à la Société belge de Sénologie si celle-ci va au Conseil d’Etat pour défendre les gynécologues qui – si ce passage de l’arrêté entre en vigueur tel qu’il est aujourd’hui – n’auront plus droit à assurer le suivi mammographique de leurs patientes.
«Il n’est pas normal que les gynécologues qui font de l’imagerie de qualité depuis des années soient soudainement mis de côté», conclut le Dr Buxant.