Le tribunal correctionnel de Bruxelles a entamé, jeudi matin, l'examen d'un dossier dans lequel un gynécologue est prévenu pour viol et attentat à la pudeur sur l'une de ses patientes en 2016. "J'ai fait un examen gynécologique tout à fait normal", s'est-il défendu. Le conseil de la victime, de son côté, a produit au dossier un enregistrement dans lequel le prévenu affirme qu'il a fait "la plus grosse bêtise de sa vie".
"Cela fait quatre ans que j'attends ce moment", a déclaré la victime, jeudi, devant le tribunal. "J'ai ressenti douleur, colère, humiliation... Puis j'ai pris conscience que ce que j'avais vécu n'était pas juste", a-t-elle d it.
Celle-ci a ajouté que grâce au soutien de ses proches et de son avocat, elle avait trouvé le courage de déposer plainte, avec "la volonté que des mesures de sanction soient prises sur le plan professionnel", pour éviter que d'autres femmes qui fréquentent le cabinet de ce médecin ne soient victimes elles aussi. L'Observatoire féministe des violences faites aux femmes s'est d'ailleurs constitué partie civile aux côtés de la victime.
En novembre 2016, cette jeune femme s'est rendue chez son gynécologue en vue d'une opération imminente pour se faire enlever un kyste bénin au niveau des ovaires. Le praticien lui a alors demandé de se déshabiller et a pratiqué un toucher vaginal sans enfiler de gants, en même temps qu'une palpation mammaire. Ces examens n'étaient pas prévus à cette consultation et surtout paraissaient ne pas être réalisés de manière professionnelle.
"J'ai fait un examen gynécologique tout à fait normal", a certifié le prévenu au tribunal, contestant les accusations portées contre lui.
L'avocat de la victime, Me Marc Uyttendaele, a toutefois produit au dossier un enregistrement, écouté jeudi par le tribunal, dans lequel on peut entendre le prévenu dire à la victime: "c'est la plus grosse bêtise que j'ai faite de ma vie", alors qu'elle était revenue le voir pour tenter d'obtenir des explications. Le gynécologue a soutenu qu'il s'était en réalité excusé d'avoir parlé trop brutalement à sa patiente, une version qui a laissé le juge président perplexe.
Me Marc Uyttendaele a déploré que, lors de son interrogatoire par le tribunal, le prévenu "n'a eu de cesse de dégrader" sa cliente, en avançant qu'elle était complexée par sa poitrine, qu'elle consommait des stupéfiants et en évoquant le dossier médical de la maman de la victime.
L'avocat a qualifié d'"ignoble fable" la version qui a été donnée par le prévenu qui "imaginait avoir un pouvoir sans entrave et qui pense que la femme n'est qu'un objet de plaisir". Ce n'était pas la première fois que ce médecin s'en prenait à sa cliente car, selon elle, cinq ans auparavant, en 2011, il lui avait embrassé un sein lors d'une consultation. Bien que choquée, la jeune femme avait décidé de ne pas en parler pour ne pas faire de scandale. "Il y a encore beaucoup à faire pour les victimes de prédateurs sexuels qui bénéficient de la mansuétude de leur profession", a lancé l'avocat.
Le procès se poursuivra mardi à 11h00 avec le réquisitoire, puis avec les plaidoiries de la défense, Me Sven Mary et Me Nathalie Gallant.