"Des femmes vont mourir" si la Cour suprême des États-Unis met fin au droit à l'avortement, s'alarme la prestigieuse revue médicale The Lancet vendredi dans un éditorial, estimant que les juges auront alors "du sang sur les mains".
Début mai, l'avant-projet d'une décision majoritaire rédigé par le juge conservateur Samuel Alito a fuité dans la presse, remettant en cause l'arrêt "Roe versus Wade" de 1973, qui garantit aux femmes un accès à l'avortement, même dans les États les plus conservateurs.
"Le fait est que si la Cour suprême des États-Unis confirme cet avant-projet, des femmes vont mourir", écrit The Lancet dans son éditorial, publié sur son site. "Alito et ses alliés auront le sang des femmes sur les mains".
"Aux États-Unis, les femmes noires ont un taux de grossesse non désirée qui est le double de celui des femmes blanches non hispaniques. Et le taux de mortalité maternelle pour les femmes noires, pour lequel les avortements dangereux est un facteur important, est près de trois fois supérieur à celui des femmes blanches", poursuit la prestigieuse revue.
"Quel type de société sont devenus les États-Unis, lorsqu'un petit groupe de juges est autorisé à blesser des femmes, des familles et leurs communautés, alors même qu'ils ont été élus pour les protéger ?", interroge encore l'éditorial.
La Cour suprême, qui a été profondément remaniée par Donald Trump, doit rendre avant le 30 juin une décision très attendue sur une loi du Mississippi qui limite les délais légaux pour avorter.
Dans l'avant-projet qui avait fuité et été publié par le site d'information Politico, Samuel Alito écrit : "Nous estimons que Roe v. Wade doit être annulé" et le droit à l'avortement "n'est protégé par aucune disposition de la Constitution".
Si cette conclusion est retenue par la Cour, les États-Unis reviendront à la situation d'avant 1973 quand chaque État était libre d'interdire ou d'autoriser l'avortement.