Par manque de vitamine B12, de nombreux enfants des pays à revenus faibles ou intermédiaires n'atteignent pas leur potentiel de croissance et de développement.
La vitamine B12 est essentielle à de multiples processus physiologiques, dont la méthylation de l'ADN et la modification des histones, la différenciation et la croissance cellulaires, le métabolisme énergétique et la myélinisation du SNC. Si elle est importante tout au long de la vie, c’est tout particulièrement vrai pendant la grossesse et la petite enfance. Chez les nourrissons, un retard de développement, une fonction neurologique atypique et une anémie macrocytaire sont des manifestations typiques d’une carence grave en vitamine B12.
Une étude visait à mesurer l'effet d'une supplémentation en vitamine B12 du début de la grossesse jusqu'à 6 mois après l'accouchement sur la croissance et le développement neurologique du nourrisson au Népal. 800 femmes enceintes depuis 15 semaines au maximum ont été randomisées pour prendre une supplémentation quotidienne de 50μg de vitamine B12 ou un placebo jusqu'à 6 mois après la naissance de l'enfant. Les critères d’évaluation primaires étaient le score Z de la taille pour l'âge (ZTA) à l'âge de 12 mois et, à l’âge de 6 et 12 mois, le score composite cognitif de Bayley pour évaluer le développement de l’enfant.
Au départ, 569 (71%) des 800 femmes avaient un taux plasmatique faible ou limite de vitamine B12 (< 221pmol/l). Aucun effet de la supplémentation en vitamine B12 n’a été observé sur les critères primaires. Le ZTA moyen à l'âge de 12 mois était de -0,57 (ET: 1,03) dans le groupe B12 et de -0,55 (ET: 1,03) dans le groupe placebo, avec une différence moyenne de -0,02 (IC 95%: -0,16 à 0,13). Le score composite cognitif moyen était de 97,7 (ET: 10,5) dans le groupe B12 et de 97,1 (ET: 10,2) dans le groupe placebo, avec une différence moyenne de 0,5 (IC 95%: -0,6 à 1,7). Des mortinaissances ou des décès de nourrissons sont survenus chez 1% des femmes du groupe B12 et chez 2% des femmes du groupe placebo.
Les auteurs estiment que cette absence d’amélioration malgré la correction du statut en vitamine B12 soutient les recommandations actuelles de l'OMS, qui préconise de ne pas prendre de supplémentation systématique en B12 au cours de la grossesse.