Pour la première fois en Belgique, des médecins de l'UZ Gent ont réalisé avec succès une greffe d'utérus, ce qui devrait permettre à la femme qui en a bénéficié de tout de même tomber enceinte malgré un trouble génétique. Elle devra cependant passer par une fécondation in vitro. L'intervention s'est déroulée sans problème et la patiente se porte bien, indique lundi l'hôpital gantois, qui est le dixième centre dans le monde à réaliser une telle opération.
L'utérus d'une donneuse d'organes en état de mort cérébrale a été transplanté lors de cette opération. La femme qui en a bénéficié est atteinte du syndrome de Mayer-Rokitansky-Küster-Hauser, qui se caractérise par l'absence congénitale totale ou partielle de vagin et d'un utérus sous-développé ou inexistant, mais aussi par la présence d'un ou de deux ovaires. Chaque année, environ quinze enfants affectés naissent en Belgique.
Les médecins doivent désormais s'assurer que l'organe ne sera pas rejeté par des médicaments. «Cette médication est nécessaire: l'organisme perçoit en effet l'utérus greffé comme un intrus contre lequel il doit se défendre», explique le Pr Steven Weyers, gynécologue et chercheur principal de l'étude. La médication protège l'utérus contre un rejet et veille à ce qu'il continue à fonctionner correctement. Si de graves symptômes de rejet ou des complications surviennent malgré tout, l'utérus peut à nouveau être retiré en extrême urgence et sans conséquence.
Sans complications, la patiente pourra ensuite tomber enceinte d'ici un an au plus tôt. La greffe n'est cependant pas permanente. Lorsqu'une grossesse a abouti à une naissance, l'utérus doit en effet être retiré car la médication antirejet présente des risques toxiques à long terme.
L'UZ Gent a débuté ses recherches pour une patiente adaptée en 2016. Il s'agit d'une jeune femme dont l'identité n'a pas été révélée. «Lorsque des candidats parents optent de manière mûrement réfléchie pour une greffe d'utérus, un dépistage médical et psychique approfondi est réalisé», détaille le Pr Weyers. «Si la patiente entre en ligne de compte, nous débutons une première procédure de fécondation in vitro. Dès que nous avons obtenu suffisamment d'embryons en bonne santé, nous procédons à la transplantation.»
Le choix d'une donneuse décédée est assez unique. En Suède, où cette intervention a déjà été réalisée neuf fois et où l'on dispose de la plus grande expertise en la matière, cela n'a jamais été le cas. «Nous ne travaillerons provisoirement qu'avec des donneuses décédées, car prélever l'utérus d'une donneuse vivante implique davantage de risques», justifie le chercheur principal de l'étude.